Le politicien nigérien Oumar Alansary écrit : Le Niger est entre le marteau de l’échec démocratique et l’enclume du régime militaire.
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Le Niger traverse une phase historique délicate caractérisée par des troubles politiques récurrents, alors que le pays oscille entre un régime civil qui n’a pas réussi à répondre aux aspirations de la population et un régime militaire qui cherche à se consolider par la force. Entre ces deux situations, le citoyen nigérien demeure le plus grand perdant dans le jeu de la lutte de pouvoir.
La défaite de la démocratie promise :
Quand le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-TARAYYA) a pris le pouvoir en 2011 Dirigé par l’ancien président Mahamadou Issoufou, il a fait de nombreuses promesses de réforme, de développement et de stabilité. Mais la réalité est tout autre : la corruption reste omniprésente, les crises économiques s’aggravent et le gouvernement ne parvient pas à mettre un terme à la détérioration de la sécurité provoquée par les groupes armés répandus dans tout le pays. La corruption financière et administrative s’est également répandue. Jusqu’à en arriver au point d’imposer par la force au peuple nigérien le président déchu Mohamed Bazoum. Au lieu d’être un moyen de prospérité et de stabilité, elle s’est transformée en une couverture pour un régime d’élite qui ne répondait pas aux aspirations du peuple.
Coup d’État militaire : sauvetage ou exploitation ?
Le coup d’État militaire est venu refléter la frustration populaire face à l’échec du gouvernement précédent, mais il ne s’agissait pas d’une solution démocratique, mais simplement du remplacement des élites corrompues par celles qui gouvernent par la force. L’armée a promis d’assurer la sécurité et la stabilité, mais les expériences antérieures ont montré que les régimes militaires finissent souvent par resserrer leur emprise sur le pouvoir au lieu de le confier à un véritable régime civil. Aujourd’hui, nous assistons à une restriction des libertés, à une détérioration des relations internationales et à un isolement croissant qui menace l’avenir du pays.
Des assises nationales sans liberté ?
Au milieu de cette crise, le gouvernement militaire parle des « assises nationales », mais comment ces assises peuvent-elles être sérieuses alors que les prisons sont encore pleines de prisonniers d’opinion et de politique et les activités des partis politiques sont suspendues, assiégés et empêchés d’exercer leur rôle naturel ? Il ne s’agit pas des assises nationales comme on l’entend, mais simplement d’une pièce de théâtre politique, pour laquelle un groupe de comploteurs est mobilisé pour porter un faux témoignage au nom du peuple, sur la continuation de la dictature militaire et pour donner une légitimité formelle à un régime qui réprime par la force ses opposants.
La solution : une troisième option priorisant les intérêts du Niger
Le Niger n’a pas besoin de recycler l’échec entre des gouvernements civils incapables et des coups d’État militaires opportunistes. Ce qu’il faut, c’est un nouveau projet national dirigé par de véritables hommes d’État, loin des intérêts égoïstes des individus. Il faut établir un système démocratique fort qui ne soit pas détourné par une élite politique corrompue ou l’armée aspirant à gouverner, mais qui repose plutôt sur une véritable participation populaire, une gouvernance transparente et des institutions fortes répondant aux aspirations des citoyens nigériens. La première étape dans cette direction consiste à libérer les prisonniers politiques, à lever les restrictions imposées aux partis et à ouvrir la voie à un véritable dialogue national auquel chacun participe sans exclusion ni intimidation.
Conclusion :
Le Niger se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins : soit il continue de sombrer dans l’échec, soit il prend l’initiative de construire un nouvel avenir politique qui mette fin à la domination des élites corrompues, qu’elles soient civiles ou militaires. Le chemin ne sera pas simple, mais c’est la seule solution si le pays souhaite sortir du cycle des crises pour atteindre la stabilité et un véritable développement.
*Écrit par Oumar Moctar Alansary, membre fondateur du Parti du renouveau démocratique et républicain (RDR-TCHANJI) au Niger.
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